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île ou la chronique du vendredi
18 février 2013

"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé."

Jusque là, Robinson vivait tranquille.
Ses chèvres dociles, le lait tiré suffisant à sa subsistanc
e.
Ses biscuits au sec bien rangés.

Sa petite cabane balayée. Les chaussures toujours à l'entrée alignées.

Le soir, le programme de télé depuis longtemps choisi, Robinson peut, à sa guise, languir et se pâmer devant quelque film d'amour.
Il peut, si le coeur lui en dit, grignoter dans son lit.
Que les miettes l'agacent, il secoue vivement les draps, les pieds nus sur le carrelage froid. Réactions en chaîne, les morceaux picotant les orteils, il saisit le balai, fait disparaître, d'un geste large, la cause de son irritation. L'expérience lui ayant déplut, il peut décider de ne plus recommencer.

Mais la télé éteinte, le lit trop grand, trop froid, trop vide. Il ressent comme un manque. Il ne va tout de même pas dormir AVEC la télé.

Aussi lorsque surgit Vendredi, il est plus qu'attendu. Inespéré.

Robinson, amoureux, n'a de cesse de l'admirer. Il n'en revient pas de sa chance.

Vendredi quand à lui n'est pas mécontent de poser ses pénates. Même s'il ne les aligne pas vraiment. Il décroche le talon du bout des orteils du pied opposé, sans défaire les lacets pour ne pas se baisser et jette la première n'importe où dans l'entrée. L'autre, du même mouvement inverse la rejoint aussitôt. Il a beau viser, elles s'éparpillent, ses chaussures. De marcher toujours ensemble et forcées, quelquefois, le soir, le travail fini, elles aiment à se séparer. Une à l'envers, l'autre à l'endroit dans leur petit tas de poussière, chacune en un coin de la pièce. Elles restent là jusqu'au matin.

Au début, Robinson trouve cela charmant. Cette lassitude du Vendredi. Se découvre une âme d'infirmière. Ronronne. Caresse. Vendredi soir, samedi et dimanche à eux seuls.

Ils aiment petit déjeuner au lit. Les miettes ne dérangent pas Vendredi. Il n'est pas compliqué. Rien, non, rien ne saurait l'irriter.
Ni ce lit trop étroit. Trop chaud. Trop bruyant. Il ronfle toute la nuit.

Robinson balaie avec amour. S'évente et somnole sous la véranda. S'enfourne des cacahuètes dans les oreilles avant de le rejoindre.

 

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île ou la chronique du vendredi
  • Robinson vivait tranquille. Ses chèvres dociles, le lait tiré suffisant à sa subsistance. Ses biscuits au sec bien rangés. Sa petite cabane balayée. Ses chaussures toujours à l'entrée alignées. Jusqu'à ce qu'arrive Vendredi.
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